Brumes de la lande à la douceur des figues
Ce matin … brume tendre et cotonneuse sur les champs
Tu pars conduire ton gamin
Tu te dis que ta voiture aurait tout de même besoin d’être nettoyée de temps en temps …
Mais au fond, tu t’en fiches !
Pas besoin de ça pour que l’on remarque ta carcasse, toujours garée un peu (beaucoup) plus loin que nombre de parents, qui, s’ils le pouvaient, « expulseraient » directement leur progéniture devant la salle de classe …
Après, ça klaxonne ou ça marche-arrière sans trop de soucier du rétro. Il y a des matins où tout t’énerve. Mais là, tu ne comprends pas, même quand le ciel est calme dans ta tête.
Mais ce matin, il y a l’odeur de la terre et des haies et du noisetier qui se fondent en des millions d’étincelles, et viennent se poser, là, sur ton visage, ta peau, tes cheveux. C’est un peu fruité, comme l’odeur des mûres.
Et ça sent bon l’automne, jusque sur le toit de l’église sur lequel tu comptes l’alignement des pigeons : 18, ce matin, en rang … prêt pour la classe !
Tiens ! Tu dois aller chercher un paquet à la poste, alors tu attendras l’ouverture, bien au chaud, chez ton épicier préféré. Tu goûtes ta première clémentine de la saison. Encore un peu chère, mais incroyablement juteuse et parfumée.
Ce soir, tu chilises … Alors te voilà ensuite chez le boucher.
Mais il ne faut pas oublier la poste et son énigmatique colis … 9 h 15 … Tu retournes en ta voiture non sans jeter un oeil noir à ces dames qui depuis tout à l’heure s’éternisent à papoter sur le parking, pendant que tourne le moteur de leur gigantesque char tout terrain des montagnes (il faut bien ça pour transporter les cartables à travers cette terre du Nord, bien connue pour ces cols enneigés et ses reliefs accidentés. Je suis méchante … pardonnez-moi. C’est vrai que, parfois, il y a un peu de boue au bord des chemins vicinaux et quelques pommes de terre sournoises planquées au creux des virages, sans parler des lièvres qui vous surprennent le soir tombé : quand ils chargent, avec leurs grandes dents et leurs oreilles tranchantes, vaut mieux être équipé … et le Géant Vert qui vous guette et vous surprend au détour des champs de maïs … un sacré celui-là ! )
Chacun son style, je sais. Le leur est très beau et très brillant. Pas un grain de poussière ni de vieux Stoptou en train de fondre depuis des mois sur le tableau de bord un peu poussiéreux. Notons aussi une collection impressionnantes de facturettes. Très pratique pour noter tes courses.
Allons, ne sois pas médisante : toi aussi, bien sûr, tu aimes bien te la jouer de temps en temps … moteur coupé …
Et puis, c’est un peu contradictoire, renchérit ma conscience, d’écrire cela quand tu es toi même scotchée de sports mécaniques … Qui c’est qui s’est levée aux aurores pour se caler devant le grand prix du Japon ?
Et là … ça pollue pas ? Et toi, tu ne te la jouais pas, en rêve, dans la brume du Mont Fuji ?!! Vroum Vroum Vroum Vroum !!!!
Ce que j’aime (parfois) chez ma conscience, c’est son humour et son style direct ! ça change de mes arabesques pseudo-je ne sais quoi !
Passons.
ça sent la clémentine dans ta voiture, tout plein. Mais tu tiendras jusque chez toi. C’est trop bon d’attendre, parfois ! ça aiguise ton envie … ça aussi, tu aimes.
Mais, vous vous dites que là … je commence un peu à jouer sur vos nerfs … « Alors, Tara ? Ya quoi dans ton colis ? Depuis tout à l’heure que tu nous prépares cette chute, il serait peut-être temps de nous l’ouvrir, enfin … »
Les figues séchées de Tiuscha … et croyez-moi, je n’ en ai jamais goûté d’aussi délicieuses …
Mais je craquerai bien(tôt) aussi pour son chutney prunes/betteraves …
Ce soir, en entrée, ce sera : crudités et chutney. Juste avant le Chili …
Plus un délire de fruits d’automne, au goûter … s’il en reste …
Au fond, l’automne, c’est bien ta saison préférée ! C’est presque la plus belle ici …
Merci à toi, Tiuscha pour cette belle émotion, au sortir de mon bureau de poste … Moi, dans la brume, avec mon colis sur un cœur translucide, ma grande écharpe béate et le sourire flottant !
Comment ça, je me la jouais ? Mais pas du tout !!!
3 réflexions sur « Brumes de la lande à la douceur des figues »
T’en a de la chance dis-moi ! Je parle du colis hein, pas de ta voiture de prolétaire ) Alors comme ça Madame Tara aime les grands prix ? C’est bien les voitures qui tournent, qui tournent, qui tournent… et tout ça toujours sur le même circuit…
Et gâtée, avec ça ! La veinarde… des figues du jardin de Tiuscha…Le jour où tu t’attaques à ta voiture (avec éponge et seau d’eau, s’entend…), tu m’appelles et je t’emmène la mienne… Gros char tout terrain des montagnes…Ou presque…
Ah belle Tara, j’ai très peu blogué durant ce séjour parisien, ravie qu’elles soient arrivées à bon port ! J’ai aimé ce billet au style différent, direct, fonceur, frondeur…